a ne se fait pas sur un coin de table », glisse, au soir du second tour des élections législatives, un proche d’Emmanuel Macron. Les discussions autour d’une coalition gouvernementale s’annoncent âpres tant les résultats du dimanche 7 juillet ont fragmenté l’Assemblée nationale en trois blocs. Contrairement à ce qu’annonçaient les sondages, c’est le Nouveau Front populaire (NFP), l’alliance des partis de gauche, qui est arrivé en tête, et non le Rassemblement national.
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Les leaders de l’ex-Nupes ont d’ailleurs immédiatement revendiqué leur légitimité à gouverner, sans avoir obtenu pour autant la majorité absolue. Le parti d’extrême droite termine troisième, tandis que le camp présidentiel résiste mieux que prévu en arrachant la deuxième place.
« Fidèle à la tradition républicaine », Gabriel Attal a annoncé qu’il remettrait sa démission au président de la République lundi matin. Tout en anticipant déjà qu’il pourrait rester chef du gouvernement le temps de la constitution d’un nouveau gouvernement.
« Notre pays connaît une situation politique sans précédent et se prépare à accueillir le monde dans quelques semaines. Aussi, j’assumerai bien évidemment mes fonctions, a-t-il assuré, en faisant référence aux Jeux oIympiques. Aussi longtemps que le devoir l’exigera. » Dans les couloirs du pouvoir, dimanche soir, le flou régnait. « On attend la suite », confiait une source ministérielle.
« Des turbulences, pas une crise de régime »
A l’Elysée aussi, on temporise, le temps d’y voir plus clair. Le chef de l’Etat, qui ne s’est pas exprimé dimanche soir, attendra la « structuration » de la nouvelle Assemblée nationale pour « prendre les décisions nécessaires », a fait savoir la présidence. Dans son entourage, on s’interroge ouvertement sur la suite : « La question qu’il va falloir se poser ce soir et dans les prochains jours, c’est ‘quelle coalition cohérente et d’idées est capable d’atteindre les 289 députés pour gouverner ?' » La réponse est bien loin d’être évidente, à cette heure. Selon notre estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP, le Nouveau Front populaire obtiendrait de 177 à 192 sièges, le camp présidentiel de 152 à 158 sièges et le RN, de 138 à 145 sièges. « On ne sait pas qui va gouverner », livre Simon Persico, enseignant-chercheur en sciences politiques à Grenoble.
« C’est totalement inédit avec trois blocs, même s’ils ne sont pas équilibrés, embraye le constitutionnaliste Thibaud Mulier. Mais, pour le moment, nous vivons des turbulences, pas une crise de régime. Institutionnellement, ça peut fonctionner. Il va y avoir des reconfigurations importantes dans la pratique mais le texte de la Ve République est suffisamment malléable ». Depuis Matignon, Gabriel Attal a ainsi appelé à entrer dans une « nouvelle ère ». « Il faudra inventer quelque chose de neuf, de grand, d’utile, a plaidé le Premier ministre. Pour cela, nous devrons assumer de tout remettre en question ».
Le temps de l’hégémonie macroniste est terminé, tout comme la parenthèse des deux années mouvementées au Palais-Bourbon où le camp présidentiel n’avait qu’une majorité relative. « Il ne faut pas reproduire les erreurs de 2022. Donc tirer les conséquences du vote avec une coalition de projet », assure un proche d’Emmanuel Macron.
Dans le camp présidentiel, les chefs de partis ont commencé à poser le périmètre des négociations, tant sur le fond que sur la forme.
« Nous formaliserons des conditions préalables à toute discussion en vue d’une majorité de projet », a ainsi déclaré le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, citant pêle-mêle la défense de la laïcité, le maintien du soutien à l’Ukraine, la lutte contre le dérèglement climatique ou la sécurité comme « priorités de l’action gouvernementale ». « Je suis prêt à travailler avec l’ensemble des partis républicains », a-t-il également dit, tout en excluant que « Jean-Luc Mélenchon et un certain nombre de ses alliés » puissent gouverner la France. De son côté, Edouard Philippe a appelé « à la création d’un accord qui stabilisera la situation politique », en rejetant un accord avec le RN ou LFI. « Mais cet accord ne sera pas durable. Il permettra au mieux de gérer le pays », a prévenu l’ancien Premier ministre.